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Un juif et un sioniste
s
3 février 2007 22:31
La differance entre un vrai juif qu'est Rony Brauman et un sioniste qu'est le arno machintruc .



[www.dailymotion.com]
siryne
S
4 février 2007 10:59
Heureux de te l'entendre dire ! ;-)

Cependant, il se dit antisioniste, dénonce l'amalgame entre Juif et sioniste et pourtant... un moment il dit que Boutros-Gali a tord de considérer Israel comme un fait colonial identique à l'Algérie française. Que sort-il comme argument ? la présence juive millénaire en Palestine (qui est véridique). Là, il maintient la confusion ! Oui en Algérie il n'y a jamais eu de présence française avant le colonialisme comme il y a eu une population juive palestinienne millénaire. Mais en Palestine il n'y a jamais eu de présence sioniste avant le colonialisme sioniste, c'est la même chose.
Toutefois, il est à moitié dans la vérité car aujourd'hui, je penses qu'il est impossible de différencier ces deux populations contrairement au clivage Algérien-Français.

Quand il dit également que la France a une diplomatie qui prend en compte sérieusement le point de vue palestinien, il se trompe quand on voit sa réaction vis à vis du Hamas islamiste. Rony Braumann reste un européen, un français, qui, comme les autres, a une réelle difficulté à appréhender l'autre quand ce dernier se met à parler musulman.

Mais bon, à part ces écarts, je dis bravo à un tel Juif qui a vraiment compris ce qu'est l'esprit critique étant donnée sa résistance à la propagande sioniste (jusque dans sa famille même).

Un débat plus intéressant aurait été avec Finkielkraut qui a des arguments plus solides que ce bourge fatigué, détruit à la coke d'Arno Karsfeld...
k
4 février 2007 11:49
Citation
Sommeil paradoxal a écrit:

Un débat plus intéressant aurait été avec Finkielkraut qui a des arguments plus solides que ce bourge fatigué, détruit à la coke d'Arno Karsfeld...

Arno Karsfeld est un charlo de 3eme couche. J'ai lu le livre débat entre Rony Brauman et Finkielkraut, dont lequel Rony a avancé des arugments plus réaliste et factuels que notre ami Finkielkraut qui débatait dans la couscous des idées d'un autre age.

Ce débat est intéressant parce qu'on commence à donner la parole à ceux qui ne sont pas d'accord avec l'état d'israël et qui dénonce ses crimes. Tout ce qui musulman fait peur au même titre que tu ce qui juif fait peur. Pourquoi? parce que tout simplement il manque un réel espace de parole pour les hommes libres.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 04/02/07 13:30 par karim-sabyl.
s
4 février 2007 12:17
La querelle Finkielkraut-Brauman

Après la seconde Intifada, le conflit israélo-palestinien s'est exporté en France. Un affrontement idéologique a vu le jour entre ceux, comme Rony Brauman, qui pensent qu'il n'est pas permis de critiquer l'Etat hébreu sans être taxé d'antisémite et les autres, tel Alain Finkielkraut, qui sont convaincus de l'émergence, dans notre pays, d'un antisémitisme nouveau paré du visage de la bonne conscience. Nous avons tenté de les faire dialoguer.

Débat animé par Marie-Françoise Leclère et Elisabeth Lévy

Depuis le début de la seconde Intifada en septembre 2000, le conflit israélo-palestinien est un « marqueur » idéologique en France. Les hostilités entre « pro-palestiniens » et « pro-israéliens » se conjuguent aux empoignades sur islamophobie et judéophobie. Des camps se sont formés, dont Rony Brauman et Alain Finkielkraut peuvent apparaître comme les porte-étendards. Simultanément praticien et analyste lucide de l'humanitaire, ex-gauchiste nourri au lait antitotalitaire, « extrémiste de la démocratie », Brauman, qui vient de participer à un ouvrage collectif publié par La Découverte (1), ne cache pas sa réserve à l'égard du projet sioniste. Pour ce juif de l'exil choisi, la nécessaire dénonciation de l'antisémitisme en France ne saurait empêcher la critique radicale de la politique israélienne. Quant à Finkielkraut, défenseur passionné de l'universalisme principiel qui a fait de lui un Français emblématique, il est aujourd'hui l'avocat inquiet de la singularité juive. Dans « Au nom de l'Autre », il s'interroge sur l'innovation que constitue un « antisémitisme qui s'exprime dans la langue de l'antiracisme » (2). Sur ce champ de bataille que sont les médias, les coups échangés ont presque fermé toute possibilité d'échanges d'arguments. On peut se féliciter qu'ils aient accepté de se parler. La rencontre est difficile. Elle tourne souvent à la confrontation. Le fait qu'elle a eu lieu témoigne pourtant de la persistance d'un monde commun -





LE POINT : Vous étiez en phase durant la guerre en Yougoslavie. Depuis que le conflit du Proche-Orient et ses retombées en France ont enflammé le champ des idées, vous ne vous êtes guère parlé, sauf pour vous affronter devant les caméras ou les micros. Pourriez-vous, chacun à votre tour, exposer vos griefs envers l'autre ?

RONY BRAUMAN : Le principal reproche que je ferai à Alain Finkielkraut, concernant la politique israélienne, est de s'intéresser plus à la critique de la critique qu'aux faits eux-mêmes. Vous élaborez savamment sur les usages idéologiques des mots tels qu'occupation, ou colon, et vous renvoyez toute critique d'Israël à un mouvement général de bannissement des juifs. Résultat, vous passez par pertes et profits la situation réelle, concrète du terrain, l'occupation elle-même, pour focaliser l'attention sur les discours plus ou moins pertinents et la terminologie parfois malsaine. Mais la réalité de l'oppression est cruellement absente de votre propos.

ALAIN FINKIELKRAUT : Il se déverse aujourd'hui, dans le monde arabo-musulman, des flots de haine antijuive. Du Maroc au Pakistan, on accuse ceux qu'on n'appelle plus les sionistes, mais les juifs, d'écraser la Palestine et de dominer le monde. Cette vague n'épargne pas la France où des synagogues sont incendiées pour la première fois depuis 1945 et où l'injure « sale juif » sévit dans les cours d'école. Ce que je reprocherai à Rony Brauman, devant un tel phénomène, c'est de contribuer à la délivrance d'un permis de haïr, en retraduisant systématiquement le conflit israélo-palestinien dans la langue de l'antiracisme et en accusant d'islamophobie les rares personnes qui dénoncent publiquement ce phénomène. Votre discours est à la fois celui de la dénégation et celui de l'autorisation de ce qu'il dénie. Si les Israéliens, et les juifs qui les soutiennent, sont des nazis ou des racistes, la haine des juifs s'impose. Quand Etienne Balibar affirme que la « barrière de sécurité » sépare un peuple de détenus d'un peuple de gardiens de camp, il nous invite à ne jamais pleurer la mort d'aucun gardien de camp. Qui va verser des larmes sur ce qui arrive à un Mengele ? Le mur est un problème, son tracé est un scandale, mais ce n'est pas un mur de l'Apartheid. L'Apartheid, c'est une idéologie de l'inégalité des races. Il n'y a pas d'idéologie de ce type en Israël.

R. B. : Vous voyez bien ! Nous avons à peine commencé la discussion que déjà vous renvoyez l'ensemble du propos dans ces grandes généralités : le monde islamique, le racisme, l'antisémitisme sans équivalent depuis 1945. Quant au mur de l'Apartheid, cette expression n'est pas de moi, mais je ne la trouve pas scandaleuse. Oui, il y a un racisme institutionnalisé en Israël, d'ailleurs la commission ORR elle-même a parlé de discrimination instituée. Peut-être qu'Etienne Balibar manifeste une outrance inacceptable lorsqu'il parle du mur de l'Apartheid. Mais ce qui m'intéresse, c'est le mur. Et je voudrais savoir si c'est là l'idée d'Israël que vous avez défendue dans vos livres. Cette citadelle surarmée continue à déposséder de manière quotidienne la population palestinienne, de plus en plus poussée vers le nihilisme : je rappelle que près de 50 % de la Cisjordanie et 15 % de la bande de Gaza sont aujourd'hui sous contrôle israélien. Si ce n'est pas l'idée que vous vous faites d'Israël, peut-être pouvons-nous nous accorder sur une critique minimale.

L. P. : Considérez-vous, Rony Brauman, qu'Israël est fondé sur une idéologie raciste ?

R. B. : Historiquement, le sionisme est à la fois un mouvement de libération nationale et un mouvement colonial. La démarche coloniale se traduit notamment par la transparence des sujets de tout territoire colonial. On dirait que les fondateurs d'Israël n'ont pas vu qu'il y avait des Palestiniens en Palestine. Comme le disait l'un des premiers dirigeants du Mapam (gauche socialiste), de retour d'un voyage en Galilée : « C'est une terre aride. Je n'ai vu que des cactus, des rochers et des Bédouins. » Aujourd'hui, les conséquences de cette cécité apparaissent de façon éclatante et sanglante. Si la Palestine avait été une terre vide, le projet sioniste aurait correspondu au rêve des pionniers travaillistes. Seulement, ce n'était pas le cas. Et pourtant, jusqu'à la première Intifada, les Palestiniens n'avaient aucune existence politique. Aujourd'hui, en Israël, nombre de modérés reconnaissent que le sionisme est dans une impasse. Je ne vous provoquerai pas en citant Michel Warschawski (3), mais c'est aussi le point de vue du travailliste Avraham Burg ou de Meron Benvenisti, qui, lorsqu'il était adjoint au maire de Jérusalem, a organisé le grignotage des quartiers arabes.

A. F. : En 1947, lorsque le plan de partage de la Palestine mandataire a été voté par l'Onu, on a dansé de joie dans les rues de Tel-Aviv pendant que du côté arabe on se préparait à la guerre. Reste qu'il s'agissait bien d'un partage avec les Palestiniens, pas avec les Esquimaux ! Je vous rappelle également qu'en 1948 la Palestine a finalement été annexée : par la Jordanie. Et tout le monde s'en fichait, à commencer par les Arabes. Faut-il en conclure que c'est la haine d'Israël qui constitue les Palestiniens comme Palestiniens ?

R. B. : Mais le nationalisme juif aussi a été réactif !

A. F. : « Si je t'oublie Jérusalem », c'est bien plus ancien que la création d'Israël.

R. B. : D'accord, mais il faut se demander pourquoi les juifs de Damas ou de Beyrouth qui vivaient à une journée de marche de Jérusalem se contentaient d'invoquer Jérusalem sans jamais y mettre les pieds.

A. F. : La liturgie, ça compte dans la vie des hommes. Si l'Etat juif est une monstruosité et si, de surcroît, la liturgie juive suscite l'ironie, cela veut dire que les juifs n'ont pas de place dans l'ordre du monde.

R. B. : Mais de quoi parlez-vous ? Et à qui ?

A. F. : On ne peut pas discuter d'Israël en oubliant la situation faite aux juifs dans le monde et en France. Celle-ci est très inquiétante et ceux qui s'expriment dans l'espace public doivent avoir à coeur de ne pas l'aggraver.

R. B. : Mais ne l'aggravez-vous pas vous-même en faisant de tous les juifs qui ne sont pas d'accord avec vous des « caniches des goys » ? A vous entendre, tous les juifs aujourd'hui seraient considérés comme des chiens, sauf Rony Brauman...

A. F. : Ne déformez pas mon propos. J'ai dit que, pour Le Monde diplomatique et pour Télérama, tous les sionistes sont des chiens, presque tous les juifs sont sionistes et donc des chiens, sauf Rony Brauman, ce juif qui sauve l'honneur.

R. B. : Le « négationniste new look », c'est cela ?

A. F. : J'ai employé cette formule dans un débat sur France Culture lorsque vous avez postfacé « L'industrie de l'Holocauste », ce livre terrifiant publié par l'éditeur Eric Hazan à La Fabrique. La thèse de son auteur, Norman Finkelstein, est que la singularité de la Shoah a été montée de toutes pièces par les juifs pour justifier la politique répressive d'Israël et pour escroquer les autres peuples. Au cours de ce débat où j'étais seul contre tous, je vous ai montré une version de cet ouvrage publiée par les faurissoniens de La Vieille Taupe. Ce livre a été une providence pour les négationnistes. Alors, bien sûr, cela ne fait pas de vous un des leurs, mais vous auriez dû être ébranlé par cette publication.

R. B. : Qu'un texte auquel mon nom est associé soit utilisé par ces gens monstrueux me révolte forcément. Mais n'importe quel écrit peut être instrumentalisé par n'importe qui. La véhémence, le radicalisme de Finkelstein, qui sont à mon sens les principales faiblesses de son livre, peuvent se prêter à une telle récupération, mais cela n'a rien à voir avec ce qu'il dit sur le fond. Finkelstein est un rescapé, ses deux parents aussi. A partir d'une telle histoire personnelle, on peut difficilement prêter le flanc à l'accusation de complaisance pour la secte faurissonienne. Et puis votre argument est stalinien. Quand on dénonce avec la véhémence qui est la vôtre le manichéisme et le simplisme - et sur ce point, je suis prêt à vous rejoindre pour critiquer le « camp » dans lequel je suis bien obligé de me situer -, on ferait bien de s'abstenir de telles méthodes.

A. F. : Précisément, la tentation totalitaire, c'était la réduction de la politique à la morale et la réduction de la morale à l'affrontement de deux forces : l'humanité partagée entre la souffrance des opprimés et la cruauté des oppresseurs. La politique, disait Robespierre, c'est la guerre de l'humanité contre ses ennemis. Nous étions sortis de là et je pensais que c'était pour de bon. Et cela recommence à propos d'Israël. Or il n'y a pas dans le monde de situation qui devrait mieux éveiller, s'il en restait quelque chose, notre sensibilité tragique. Deux droits, deux nations s'affrontent, prises dans un engrenage infernal. Dire cela, ce n'est pas diluer les responsabilités, mais c'est au moins accepter la complexité du problème. Michael Walzer dit qu'il y a quatre guerres, et c'est cela, le tragique, quatre guerres : celle que des Palestiniens livrent pour fonder leur Etat, celle que des Palestiniens mènent pour faire disparaître Israël, celle que des Israéliens font pour défendre leur pays et celle que d'autres Israéliens poursuivent pour le Grand Israël. Voilà la situation : quatre guerres auxquelles s'ajoutent les conflits intérieurs qui minent les deux sociétés. Mais en France, particulièrement au sein de l'extrême gauche qui donne le « la », on ne veut pas entendre parler de ces quatre guerres. Israël est l'unique coupable, point. Eh bien, moi, je ne parlerai de la situation que quand on acceptera de parler avec moi des quatre guerres. Si nous nous entendions sur cette base minimale, nos deux sensibilités pourraient se rencontrer. Oui, la mienne est plus soucieuse d'Israël et la vôtre plus soucieuse des Palestiniens. Mais je plaide aussi pour un Etat palestinien.

L. P. : Mais il ne s'agit pas du même ! Rony Brauman est justement favorable à un Etat binational dans lequel Juifs et Arabes vivraient ensemble, ce qui, pour vous, Alain Finkielkraut, marquerait la fin du sionisme.

A. F. : Un Etat binational reviendrait à faire disparaître Israël comme Etat juif. C'est bien le sens de la revendication du droit au retour en Israël pour les réfugiés palestiniens de 1948. Si telle est votre ambition, s'il s'agit de mettre fin au mal du sionisme dans un Etat binational, alors, effectivement, nous ne nous rencontrerons jamais.

R. B. : Je défends cette idée dans le livre de La Découverte, mais d'une certaine façon je trouve cela déplacé. Après tout, je ne suis ni israélien ni palestinien. Surtout, cette discussion est très théorique : la solution binationale est aujourd'hui parfaitement irréaliste et le seul objectif raisonnable est le retrait d'Israël dans ses frontières d'avant 1967. Maintenant, à terme, on peut espérer la création d'un Etat binational avec une citoyenneté partagée par deux peuples qui ont le goût, le désir, l'histoire de cette terre. En attendant, l'Etat actuellement réservé aux Palestiniens, ce sont quatre bouts de terre séparés les uns des autres. Ce n'est pas un Etat.

A. F. : Vous acceptez, vous l'avez écrit, le « fait national israélien », mais pour vous un Etat juif est une aberration et l'Etat binational lui serait moralement supérieur. Il faut un singulier aveuglement devant la réalité politique du monde arabe pour parler en ces termes. Il faut avoir oublié qu'il n'y a pratiquement plus de juifs dans le monde arabe et que ceux qui restent, comme à Casablanca, risquent le poignard ou la bombe. Mais, au-delà de nos divergences idéologiques, je crois qu'un Etat juif est de moins en moins acceptable dans un monde où l'on dit sur tous les tons que la plus belle réalisation de l'humanité, c'est le métissage. Pour être les contemporains de leur temps, Palestiniens et Israéliens devraient, à l'image des Européens, se mélanger les uns aux autres. Et voilà ces juifs qui veulent rester juifs et former un Etat juif. Il y a quelque chose d'incompréhensible dans cette insistance millénaire d'un peuple qui veut continuer à exister en tant que peuple.

R. B. : L'Etat juif tel qu'il se joue aujourd'hui, c'est simplement un Etat non arabe. J'en veux pour preuve la dernière loi raciste votée à 80 % au Parlement israélien et interdisant aux conjoints d'Arabes israéliens et à leurs enfants d'obtenir la nationalité israélienne. Et elle ne s'applique pas aux immigrés non arabes. Je ne parle pas de philosophie, je ne suis pas dans le ciel des idées où aime se promener Alain Finkielkraut, mais dans la glaise, dans la routine du quotidien, dans les mesures législatives, dans les discours politiques qui sont tenus là-bas.

L. P. : Mais vous êtes d'accord avec Alain Finkielkraut pour récuser, s'agissant du conflit israélo-palestinien, la comparaison avec le nazisme ?

R. B. : Je trouve cette analogie, que je n'emploie jamais, absurde, trompeuse, fallacieuse. On ne peut raisonner sans comparer, mais la comparaison doit avoir un minimum de capacité heuristique. Cela dit, vous le savez comme moi, l'insulte « nazi » est devenue une espèce de métaphore du mal. J'ai crié CRS, SS, comme vous, d'ailleurs...

A. F. : Oui, mais j'apprends de mes erreurs.

R. B. : Moi aussi, et je ne pourrais plus proférer aujourd'hui une telle insanité. Mais nous savions parfaitement à l'époque que nous n'avions pas face à nous des gardiens d'Auschwitz. On se traite de nazi ou de collabo à la Knesset, le Parlement israélien, et le Likoud, le parti d'Ariel Sharon, a autrefois travesti Yitzhak Rabin en officier SS. Et moi, j'ai grandi avec le slogan « Arafat = Hitler », beaucoup de juifs l'ont entendu à la table de Yom Kippour. Ce type de référence est inutilement ignoble, mais on ne peut pas en inférer un bannissement radical et universel d'Israël.

A. F. : Notre monde est obsédé par la mémoire du nazisme et il faudrait faire un bilan de cette obsession. Ne nous a-t-elle pas conduits à dépeupler l'univers pour n'y voir, dans toutes les situations, que l'affrontement du bourreau et de sa victime ? On ne parle plus d'Israël autrement que dans les termes de l'antinazisme. De ce point de vue, il ne faudrait pas oublier des événements récents comme la conférence de Durban. Ce n'est pas rien, Durban, ce n'est pas un repas de Yom Kippour ! Tous les pays du monde se réunissent pour discuter du racisme et trouvent un double bouc émissaire, Israël et l'Occident. Des pays esclavagistes en toute impunité dénoncent la traite des Noirs, ou le racisme aux Etats-Unis. Le Soudan, la Libye, Cuba stigmatisent Israël, régime d'apartheid. Qu'est-il arrivé à la religion de l'humanité pour qu'elle se déchaîne ainsi sur Israël exclusivement ? Et ne m'objectez pas qu'il s'agit de mots en l'air. Il s'est cristallisé à Durban un immense mouvement contre le racisme et pour l'antisémitisme des peuples. Et j'aimerais que notre MRAP ne devienne pas une succursale de ce MRAP-là. Face à ce déchaînement, il faut prendre position. Pour la vérité, pour le salut des juifs, et aussi pour le salut des Palestiniens. En effet, si Arafat n'a même pas voulu émettre de contre-proposition à Camp David, c'est parce qu'il est à la tête du mouvement national le plus choyé, le plus dorloté de l'Histoire et que cela lui plaisait davantage que de gérer prosaïquement un petit Etat à côté d'Israël. C'est la radicalité dorée de leurs dirigeants et de leurs partisans qui a fait le plus de mal aux Palestiniens.

R. B. : Vous ne manquez pas de culot ! Comme si les souffrances des Palestiniens n'étaient pas le fait de l'armée israélienne ! La conférence de Durban a cristallisé un ensemble de problèmes qui minent actuellement les pays du tiers-monde, en particulier le monde arabo-musulman. On ne peut pas échapper à cette réalité-là - et je ne l'ai pas découverte à Durban. Mais sur les 160 résolutions adoptées à Durban, 7 ou 8 concernent Israël. Que ce vacarme indécent ait couvert le reste n'autorise pas à réduire Durban à cela. Si on veut envisager les choses dans leur complexité, comme vous ne cessez de m'y inviter, faisons-le partout où c'est nécessaire, et pas seulement quand cela permet de diluer la critique.

L. P. : Revenons au front secondaire : la France. Pour vous, Alain Finkielkraut, un certain type de critique d'Israël est le masque de l'antisémitisme. De façon symétrique, vous estimez, Rony Brauman, que l'accusation d'antisémitisme, aussi réel soit celui-ci, vise souvent à faire taire les critiques d'Israël.

R. B. : Je suis tout à fait prêt à convenir que la montée d'un antisémitisme nouveau a été négligée parce qu'il était source d'embarras et de gêne. Il n'en est pas moins vrai également que, avec un certain retard à l'allumage mais avec une ardeur et une clarté qui sont au-delà de tout soupçon, l'antisémitisme de certains jeunes Beurs comme celui de l'islamisme radical sont régulièrement dénoncés. Au risque de me répéter, nous devrions nous concentrer sur ce qui se passe entre Méditerranée et Jourdain plutôt que sur les banlieues de Grenoble ou Paris.

A. F. : Mais les deux sont liés. Sinon, pourquoi un militant israélien comme Michel Warshawski viendrait-il en France dénoncer « les camelots de la judéophobie » ? Et comment jugez-vous les propos d'Eric Hazan lorsque celui-ci écrit, dans « votre » livre, que moi et d'autres formons « la Star Academy du sionisme français » ? Et vous signez avec lui ! Si vous savez ce qu'antisémitisme veut dire, vous devez retirer votre nom de cet ouvrage.

R. B. : Vous savez ce qu'est la polémique, non ? Il n'y a pas dans ce livre la moindre marque de complaisance vis-à-vis de l'antisémitisme.

A. F. : De la polémique ? Pourquoi, en ce cas, avoir hurlé au retour de la bête immonde à chaque écart de langage de Le Pen ? S'il parlait de « la Star Academy sioniste française », on programmerait immédiatement « Nuit et brouillard » à la télévision ! A travers vous, Rony Brauman, je voudrais m'adresser à tous les gens d'extrême gauche qui font assaut de vigilance antifasciste. Le grand malheur de la gauche, disait Orwell, est qu'elle est antifasciste et qu'elle n'est pas antitotalitaire. Cela n'a jamais été aussi vrai. Et c'est Israël qui paie les pots cassés. Ce sont les juifs qui paient.

R. B. : Le grand malheur des intellectuels, ou leur grande faiblesse, disait également Orwell, c'est d'être beaucoup plus fascinés par le pouvoir que par la justice. Vous êtes effectivement fasciné par la puissance, au point de dire que les Palestiniens souffrent d'abord des insanités proférées à Durban et d'un discours antiraciste complètement dévoyé. Sur le dévoiement de l'antiracisme et pas mal d'autres terrains, je suis prêt à vous suivre. Mais vous oubliez qu'on continue à pourrir la vie des Palestiniens, que la colonisation se poursuit...

A. F. : Et vous, vous oubliez les coups terribles portés au camp de la paix en Israël par le lynchage de deux soldats israéliens dans un commissariat de Ramallah et par les bombes humaines. Ces attentats ne disent pas non à la colonisation, mais à la présence juive en terre d'islam.

L. P. : Il semble impossible de faire coïncider vos analyses. N'est-ce pas parce que chacun appréhende une partie de la réalité et souffre plus pour certaines victimes que pour d'autres ? Ne devez-vous pas dénoncer simultanément les attentats suicides et la souffrance infligée aux Palestiniens, être solidaires des juifs de France quand ils sont attaqués et critiquer Israël quand c'est légitime ? Pour employer la formule un peu naïve mais réconfortante de l'Union des étudiants juifs de France, est-il possible d'être à la fois sioniste et pro-palestinien ?

R. B. : Mais oui, l'antisémitisme en France, les attentats suicides en Israël, l'occupation, tout cela peut être traité de manière décente sur les plans intellectuel et moral. Si on défend deux Etats pleinement souverains, le sionisme et le nationalisme palestinien peuvent trouver leur place côte à côte. Le jeu de la politique, ce sont les slogans. A nous, qui avons la chance de pouvoir nous exprimer dans l'espace public, de réintroduire de la complexité.

A. F. : J'ai participé à la réunion de l'UEJF organisée sous ce titre : « Sioniste et pro-palestinien ». Et je n'ai pas été cité dans le compte rendu du Monde parce que ça ne collait pas avec l'image à laquelle on veut m'assigner. Il fallait d'autant plus me cantonner à l'islamophobie que l'antisémitisme que je dénonce sévit dans le monde arabe et musulman. C'est un détail, mais il est révélateur. Je suis pour deux Etats, mais on ne veut pas m'entendre. Et puisque je me refuse à mettre sur le même plan les terroristes et les « colons », on refuse d'entendre ma condamnation de la colonisation. La nuance est devenue intolérable à l'antisionisme dominant. Alors, oui, on doit pouvoir simultanément critiquer ce qu'on dit d'Israël et ce que fait Israël. Encore faut-il qu'il reste quelques oreilles pour entendre cela -
siryne
s
4 février 2007 12:31
Salut Sommeil Paradoxal


Justement ! hihi

Crois-moi c'est deja un bon debut de trouver des hommes comme Rony Brauman qui au moins sont prets aux dialogues tout en reconnaissant qu'on peut critiquer le sionisme sans etre des antisémites , plus de ça il y'a certaines verités qu'il retablie ,

Et pour la france je pense qu'il parle des sionstes qui disent que la france est pro-palestine ,

Mais il est vrai que la france joue sur ce tableau , des fois elle donne cette fausse impression comme la visite de chirac en palestine par exemple ou d'autres petits exemples comme ça , mais la réalité bien sur qu'elle est tres differante .

P-S Voilà l'article que tu as demander la confrontation Finkielkraut-Brauman .
siryne
k
4 février 2007 13:36
Arno, c'est un vrai bébé, un intru dans un débat dont il ne comprend rien.

Il faut noter deux choses importantes que chaque personne doit avoir bien dans sa tête :
1- critiquer israël et ses méthodes est légitime et n'ont rien à voir avec les juifs
2- Un juif n'est pas un pion d'israël même si israel cherche par tous les moyens pour en faire un. Donc il faut être très prudent dans les critiques pour ne pas amalgamer entre Juif et israel(sioniste).

Ne pas tomber dans le piège d'israel parce qu'elle ne cherche que ça.
s
4 février 2007 14:35
Il faut noter qu'à chaque fois qu'on denonce les crimes et la lacheté des sionistes , on entend le meme refrain !!!


Ici personne ne fait d'amalgame entre juifs et sionistes , on denonce le sionisme , les sionistes et leurs barbaries .
siryne
S
5 février 2007 15:11
Juste pour l'anecdote : J'ai dans mon entourage une copine qui est juive. Quand, je discute avec elle du proche orient, (ce qui est rare, par ce que source de conflit immédiat) je constate malheureusement qu'elle n'est pas clair sur cette question. Au niveau politique, elle se dit être de gauche, voir même extréme gauche, elle se dit être humaniste, pour la paix, le vivre ensemble etc etc...Un discour que je qualifie de valable sur le plan theorique. Le hic, c'est que côté pratique, quand nous discutons d'israel, elle se braque et elle n'accepte aucune critique mais vraiment aucune. De plus, elle à un discour qui est virulent à l'endroit des Palestiniens, qu'elle considére comme des terroristes et elle sait pertinement que je ne laisses pas passé ce genre de propos. Je sais aujourd'hui, qu'elle ne pourra jamais changer son positionnement sur israel comme je ne changerais jamais le mien sur la Palestine. J'estime avoir un regard critique à l'encontre de la politique Palestinienne, par ce qu'il y a des choses à dire et à condamnée pour que la peuple puisse vivre en paix et dignement mais je ne suis pas convaincu qu'elle puisse avoir la même démarche que moi. Pourquoi....par ce qu'elle est clairement et tellement pro-israelienne que tout ce vide intellectuel finit par l'aveugler.
C
5 février 2007 17:15
Eh,oui.Dès qu'on creuse un peu-mais vraiment un peu-les masques tombent à la vitesse de la lumière.
Et ton amie n'est pas une exception.
S
5 février 2007 22:42
"A. F. : « Si je t'oublie Jérusalem », c'est bien plus ancien que la création d'Israël.

R. B. : D'accord, mais il faut se demander pourquoi les juifs de Damas ou de Beyrouth qui vivaient à une journée de marche de Jérusalem se contentaient d'invoquer Jérusalem sans jamais y mettre les pieds."

BOUM ! "si je t'oublie Jérusalem" est une référence aux prières juives qui se font en direction de Jérusalem et en parlant sans cesse de retour à Jérusalem.


"[A. F.] Oui, la mienne est plus soucieuse d'Israël et la vôtre plus soucieuse des Palestiniens. Mais je plaide aussi pour un Etat palestinien.

L. P. : Mais il ne s'agit pas du même ! Rony Brauman est justement favorable à un Etat binational dans lequel Juifs et Arabes vivraient ensemble, ce qui, pour vous, Alain Finkielkraut, marquerait la fin du sionisme.

A. F. : Un Etat binational reviendrait à faire disparaître Israël comme Etat juif. C'est bien le sens de la revendication du droit au retour en Israël pour les réfugiés palestiniens de 1948. Si telle est votre ambition, s'il s'agit de mettre fin au mal du sionisme dans un Etat binational, alors, effectivement, nous ne nous rencontrerons jamais."

Voilà le sionisme à l'état pur...

"A. F. : Ne déformez pas mon propos. J'ai dit que, pour Le Monde diplomatique et pour Télérama, tous les sionistes sont des chiens, presque tous les juifs sont sionistes et donc des chiens, sauf Rony Brauman, ce juif qui sauve l'honneur."

Et une petite pique méprisante au Monde diplomatique, l'un des seuls médias français qui a conservé son indépendance.

"Mais, au-delà de nos divergences idéologiques, je crois qu'un Etat juif est de moins en moins acceptable dans un monde où l'on dit sur tous les tons que la plus belle réalisation de l'humanité, c'est le métissage."

Racisme larvé de Finkelkraut, comme soutien au sionisme et à son nationalisme.

"L. P. : Il semble impossible de faire coïncider vos analyses. N'est-ce pas parce que chacun appréhende une partie de la réalité et souffre plus pour certaines victimes que pour d'autres ? Ne devez-vous pas dénoncer simultanément les attentats suicides et la souffrance infligée aux Palestiniens, être solidaires des juifs de France quand ils sont attaqués et critiquer Israël quand c'est légitime ? Pour employer la formule un peu naïve mais réconfortante de l'Union des étudiants juifs de France, est-il possible d'être à la fois sioniste et pro-palestinien ?"

Mais oui ma ptite européenne, regard extérieur soit disant objectif, deux peuples se battent pour une même terre, c'est 50-50, on connaît, on connaît...
Et face à ce discours de PAIX et de gentille réconciliation, Braumann est séduit, le sourire aux lèvres...


"R. B. : Mais oui, l'antisémitisme en France, les attentats suicides en Israël, l'occupation, tout cela peut être traité de manière décente sur les plans intellectuel et moral. Si on défend deux Etats pleinement souverains, le sionisme et le nationalisme palestinien peuvent trouver leur place côte à côte. Le jeu de la politique, ce sont les slogans. A nous, qui avons la chance de pouvoir nous exprimer dans l'espace public, de réintroduire de la complexité."

Et Finkiel qui ne veut pas qu'on l'oublie, c'est attendrissant...

"A. F. : J'ai participé à la réunion de l'UEJF organisée sous ce titre : « Sioniste et pro-palestinien ». Et je n'ai pas été cité dans le compte rendu du Monde parce que ça ne collait pas avec l'image à laquelle on veut m'assigner. Il fallait d'autant plus me cantonner à l'islamophobie que l'antisémitisme que je dénonce sévit dans le monde arabe et musulman. C'est un détail, mais il est révélateur. Je suis pour deux Etats, mais on ne veut pas m'entendre. Et puisque je me refuse à mettre sur le même plan les terroristes et les « colons », on refuse d'entendre ma condamnation de la colonisation. La nuance est devenue intolérable à l'antisionisme dominant. Alors, oui, on doit pouvoir simultanément critiquer ce qu'on dit d'Israël et ce que fait Israël. Encore faut-il qu'il reste quelques oreilles pour entendre cela -"
S
5 février 2007 22:43
Air de famille,

"J'estime avoir un regard critique à l'encontre de la politique Palestinienne, par ce qu'il y a des choses à dire et à condamnée pour que la peuple puisse vivre en paix et dignement"

Ah oui ? et qu'est-ce qu'il faut dire et condamner ?
 
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