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LEMCHAHEB...
m
20 octobre 2005 19:31
Bonjour,

Le 20 octobre de l’année 2004, il nous quitta. Il fut encore jeune et plein de talent. Il alla rencontrer notre créateur. Je suis certain que la presse marocaine l’a oublié. Celle de Basri l’ignorait, le craignait, l’occultait parce qu’il lui faisait peur. Pourtant ce ne fut qu’un simple artiste, un simple guitariste, le premier à introduire la mandoline dans la musique Marocaine. Il s’agit de Cherif de Lemchahab. Ce fut un homme engagé et qui marquera à jamais ceux qui l’ont connu.

J’ai vu Chérif grandir et je me permets de vous livrer un témoignage en sa mémoire durant ce mois sacré, ce moment de très profonde spiritualité pour prier en son âme ainsi que pour tous ceux qui nous ont quitté.

Il s’appelait Moulay Chérif LAMRANI. Il méritait son nom de Chérif parce que depuis son enfance parmi les jeunes Boubekris, ce nom lui avait porté bonheur, il détermina ainsi son caractère, sa spécificité et le chemin qu’il allait prendre dans sa vie. Chérif, n’est pas un simple agrégat de lettres, c’est une affirmation de ce qu’espéraient Zahra et M’barek pour fixer d’où venait Chérif et nouer des relations profondes avec le passé des Chorfas du Tafilalet.

Chérif du groupe Lemchaheb fut le fruit d’un mélange du Maghreb Arabe. Sa mère Zahra d’origine algérienne pour laquelle il avait chanté tout petit mais aussi en souvenir d’une autre Zohra…

Zohra ! Occupe mes tolérances
Tu es ma joie et mes souffrances
Tu es ma vie, tu es mon bonheur
Tu es la fille qui occupe mon cœur….

Et d’un père, grand artiste, Moulay M’Barek El Boudnibi. Cet homme a longtemps vécu à Oran durant les moments difficiles de la colonisation française. Il fut chassé par les autorités de l’Oranais, pour son engagement pour la libération du Maghreb. Il fut chanteur à la radio locale d’Oran et fut connu sous son vrai nom. Il reçut plein de menaces lorsqu’en 1959, il composa la chanson qu’à déformé Khaled en Rouhi Ya Wahran Rouhi Baslama.

Voici les véritables paroles écrites par un Marocain pur souche, le père de Chérif Lemchaheb en 1959. Khaled n’était pas encore né.

Lillah Ya Franess Amli Lamzya
Blad Dzair Mahyachi Lik
Wal Wakt Rah Nada Kal Al Hourya
Kabli Bladek Bezzaf Aleik....

Après cela, M’Barek fut chassé d’Algérie et rejoint son cousin Mohamed Ben Mehdi, de Boudenib aussi. Son cousin fut mécanicien dans la mine de Zellidja-Boubeker avant de devenir chauffeur. Sidi Boubeker est un village distant d’une quarantaine de kilomètre d’Oujda. Chérif n’a que neuf ans à peine.

Les deux cousins, formèrent un duo pour égayer les soirées à la manière Boubekri. S’ils me lisent, ils sauront ce que j’insinue. Ils furent rejoint par un excellent « rythmiste » (le mot n’existe pas mais je signifie percussioniste…je préfère rythmiste), car Hamou Lahrira de son vrai nom Mohammed El Hasnaoui touchait à tout ce qui est fait en peau.

En 1962, le quartet qui bouleversa l’oriental fut composé des deux cousins Lamrani, de Hamou Lahrira et de Benyounes Bouchenak communément appelé FANDI. Le père des frères Bouchenak

C’est dans cette ambiance que Chérif grandit. Une maman, excellente couturière et cuisinière, un papa qui tentait de faire vivre sa famille en exerçant le métier d’horloger et de musicien à ses heures. Mais cette famille fut embarrassée par la crainte qui résulte de l’accident survenu à l’âge de huit ans à Chérif. Il se cassa le tibia. Cela fut considéré comme une infortune. Effectivement, Chérif traîna cet handicap durant le restant de ses jours.


Chérif se toisa à la mandoline de son père à l’âge de dix ans exactement. Avec quelques Boubekris, ils formèrent un petit groupe de Yéyé : « The Beavers ». Ils choisirent un beau gosse Mohammed Améziane comme chanteur parce qu’il ressemblait à Elvis. Plus tard, Mustapha CHAD, chanteur Marocain installé actuellement en Hollande les rejoindra avec sa batterie. Leur première chanson, nostalgique démontrait d’une capacité étonnante de ces jeunes villageois enfouis entre la frontière algéro-marocaine.

Au crépuscule
Au bord de l’eau
La-bas au loin
Un chant d’oiseau
Évoque en moi
Des souvenirs
D’un passé
Assez lointain
……….
Te souviens-tu ?
Toi la mer ?
De tes massacres
De tes colères
De ces navires
Coulé en ton bassin…

Chérif alla rendre visite à ses oncles maternels et rapporta d’Oran en 1961, sa première guitare électrique de couleur bleue. Ce fut la découverte d’une merveille pour les enfants de l’époque du Twist. Chérif et ses amis Boubekris imitèrent les Beatles, Enrico Macias et d’autres artistes de l’époque. Adolescent, il fréquenta le lycée Omar Ibn Abdelaziz d’Oujda. Il quitta le Maroc orientale pour travailler Chez Carnot à Casablanca.

Un jour, il surprit tout le monde avec un citare qu’il dénicha on ne sait d’où. Mais ses amis d’enfance ne furent guère étonnés parce que Chérif leur ressemblait, les Boubekris venaient d’une autre planète…

La rencontre avec Bakhti résidant aux Roches Noires à Casablanca allait être déterminante. Ils eurent l’idée de composer un groupe Lemchaheb. Il fallait des éléments sûrs et valables. Surtout qui ne reculent devant rien et qu’on ne peut en aucun acheter. La rigueur Sahraoui-algéro-marocaine de Chérif est déterminante. Batma junior et Khadija, plus tard devenue son épouse furent les premiers à être conviés. Ironie du sort, un quartet comme son père avec son premier groupe à Sidi-Boubeker fut arrondi avec l’arrivée de Chadili. Hamada viendra plus tard remplacé madame Batma.

La mère de Chérif, Zahra l’Oranaise s’occupa de la couture des habits de scène comme l’avait imaginé son fils.

Lemchaheb est un terme filali qui signifie les étoiles filantes mais aussi très chaudes. Décidément, le nom valait la teneur des chansons du groupe. Ils marquèrent d’un sceau chauffé à blanc la génération des années 70. Leurs chansons ouvertement engagées venaient tracer des lumières blanches dans le ciel ténébreux du Maroc. Lemchaheb filaient dans les cieux et subjuguaient avec leur rythme, leur verbe et leur engagement. Ils écrivirent comme parle le peuple. La recherche du vocabulaire n’est jamais allé jusqu’à leur faire utiliser un jargon obscure. L’emphase des mots, la trop grande recherche dans le choix des termes furent jugés mauvais goût. L’expression la plus simple et la plus naturelle fut souvent celle qui rendait mieux leur pensée. Chérif avait dit une fois : «…il faut songer toujours pour quel public on écrit ou dans quel genre on écrit…. » avec l’accent typiquement Filali emprunté à son père il martela ses mots « …chaque sujet a sa clarté propre…Afham Yaman Tafham… »

Mais ils dérangèrent et reçurent des remontrances, des avertissements, ensuite des menaces. Ce fut du sérieux avec Ahaydouh…Ahaydouh… qui sous l’emprise de l’atténuation prit comme euphémisme Ahaydouss…Ahaydouss…L’étoile filante doit filer, elle file du mauvais coton… !

Chérif sut qu’il était difficile d’évoluer comme il le voulait dans un Maroc où la liberté d’expression faisait défaut. Il quitta son pays pour s’installer en France chez son cousin dans la région parisienne. Son cousin avait un studio d’enregistrement et lui présenta les Dissidentens, le célèbre groupe allemand de Nina Hagen. Ensemble, ils composèrent des morceaux de musique qui propulsèrent aussi bien la musique marocaine que les Dissidenten parmi les stars de ce monde.

Il quitta la France pour la Tunisie pour enfin revenir au Maroc.

Le roi Mohammed VI fit un geste louable et l’envoya en France pour se faire soigner. Le voyage fut prévu avec le célèbre écrivain du « pain nu » Mohammed Choukri, mais hélas la destinée avait choisi un jour avant l’embarquement pour nous prendre un grand penseur.

De jeunes RME avaient eu vent de l’hospitalisation de Chérif à Paris et ont pris en charge sa dernière visite dans leur ville ROUEN. Dieu les récompensera pour ce dernier adieu. La maladie l’emporta à l’âge de 55 ans, le 20 octobre, il y a une année jour pour jour.

Allah Yarham Jamii Al Mouslimin Amin

Mag3
d
20 octobre 2005 22:23
merci mag3 pour l'hommage que tu as rendu a ce grand guitariste qui est cherif. allah yrahmo wa yarham batma sguir wa batma lakbir.

Lemchaheb est mon group favorit, je le prefere a nass el guiwan et jilala, j'ai presque ttes leurs chansons..

Tu me rappelles des souvenir d'enfance, roche noir ou jai passe mon enfance, carno qui n'existe plus...

ramadan moubarek,
s
21 octobre 2005 11:25
Salam Mag et Doukkali ,

Pour moi Lamchahab , font partis de notre patrimoine marocain , eux Nass El Ghiwan et jiljilala leurs chansons seront toujours actuels et toujours vivantes ,

Merci Mag .

siryne
f
21 octobre 2005 21:38
Mag3,

Baraka Allahou fik
Willi ma cheftouni rahmou alyia Wana rani machit, wana rani mchit wel houl eddani Fathi .... dima ghiwani
m
22 octobre 2005 03:16

Bonjour,

Pour les fand de Lemchaheb, faites un petit tour du côté du forum musique. Il y a tout un site qui leur est dédié. C'est un groupe de vrais Marocains qui savent ce que veut dire la tolérance mais surtout avaient imposé leur style et leur franc-parler dans des moments où les bouches furent cousus. Et c'est cela le vai Marocain qui reste pôli, tolérant mais défend son morceau...

Pour ceux qui me remercient, il n'y a pas de quoi. Ce que j'ai fait, tout le monde pourrait le faire. J'ai gardé en tête la mort de Chérif et je lui ai rendu hommage ainsi qu'à Boujmii, les frères Batmas et tous les artistes qui nous ont quitté en diasnt Allah Yarham Al Jamii

Mes excuses pour Sousdi. J'ai oublié de le citer dans une page. Je reconnais que Sousdi avait joué un rôle important avec sa voix inimitable.

mag3
f
22 octobre 2005 09:01
Bellahi alik ya si Mag3, priere d´apporter la mention speciale:

Lemchaheb groupe marocain (avec bien sur une touche oranaise), mais groupe
Maghrebin par excellence.

Ils ont et continue encore a briller en Algerie et en Tunisie, ils ont enfanté beaucoup de groupes.
En Tunisie il ya ouled sidi bou makhlouf, ouled elmanjem, etc.
Les freres algeriens peuvent en citer d´autres..
Les freres mrocains egalement.
-------------------------
Seulement nos medias sont aveugles et sourds .. ne veulent qu´ecouter et faire soufrir nos oreilles avec ces melodies moyen orientales ou des Michael Jackson et autres debilités.
On me dira que les textes de ces melodies debiles..sont steriles et bien sur inoffensive.
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Lemchaheb, el Ghiwan , Jil Jilala ..c´est des paroles en TNT et en darija sveltes

Wa saha ramdhankoum

Willi ma cheftouni rahmou alyia Wana rani machit, wana rani mchit wel houl eddani Fathi .... dima ghiwani
N
22 octobre 2005 10:25
Wa mabane lik ghir houwa..... Wa mahazze hlik ghir houwa.... Wa al radi bhide....




m
22 octobre 2005 13:29

Bonjour fathi,

Tu as bien remarqué que j'ai insisté sur la mère de Chérif en répétant qu'elle était algérienne. Et chez nous, au Maroc, cela prend beaucoup de sens. Parce que des Marocains mariés à des algériennes, j'en ai dans ma famille. Et vis-versa. Cette mixture symbolise l'union qui a toujours existé entre ces deux peuples, mais que nos responsables occultent pour mieux asseoir leur pouvoir...

Si tu as suivi mon regard, j'ai parlé de ton pays la Tunisie. Et c'est pour cette raison que j'ai employé Chérif et le Maghreb arabe. Ce fut l'un des rares marocains à prétendre à ce trio infernal qui refuse de décoller.

J'ai voulu taire un petit secret que seuls les proches connaissent. Je ne pense pas qu'il va m'en vouloir là ou il est, si je divulgue ce petit secret...mais puisque c'est un hommage modeste et tout simple, je continue pour rendre hommage aussi à ton pays qui a accueilli un de nos célèbres artistes.

Figure-toi Fathi, que notre Cherif de Lemchaheb peut se vanter d'avoir du sang Maghrébin cent pour cent. En quittant le Maroc, il s'est d'abord installé en France, un peu en Hollande et en Allemagne avant d'élire domicile en Tunisie où son coeur a succombé pour une charmante Tunisienne. Ils sont restés mariés longtemps. Cette Tunisienne est femme intellectuelle qui décortiquait les paroles de Lemchaheb, elle était enseignante et peut-être elle l'est toujours.

Je ne sais pas s'ils avaient eu des enfants lors de cette union. Ce serait l'idéale pour démontrer à nos responsables et aussi au peuple qui continue à se chamailler pour rien que là où la politique échoue l'amour sort vainqueur

Voilà Fathi, merci la Tunisie et les Tunisiens...On se rejoint quelque part...

mag3
b
be
22 octobre 2005 14:17
Salam à tous,
merci Mag3 pour ces informations. Il est dommage que les deux groupes El Ghiwane et Lemchaheb dans lesquels je me reconnais n'arrêtent pas leur carrière fin des années 70 (en pleine gloire!). Il y a quelques années L'Ghiwane avaient fait la première partie de Khaled!!!! Ce Monsieur (la honte du maghreb) que je deteste.
k
26 avril 2011 01:10
c'est vrai je débarque un peu tard sur votre site mais je tiens à témoigner d'une grande affection pour ce groupe mythique qui avec el ghiwane ont su revigorer la musique arabo-maghrébine,lui insuffler un nouveau rythme et surtout la sublimer avec des paroles qui ont un sens.Quelques décennies plus tard ,ces mots traduisant la frustration et la privation de toutes les sociétés du Maghreb et du machrek,ont trouvé un écho dans une génération qui est passé du verbe à l'action et ce n'est que le début. allah yer7am kol men Boujmi3 ,l3arbi wa simohamed Batma et moulay chérif lamrani je souhaite longue vie à ceux qui restent et j'espère qu'ils évitent de paraitre dans ces émissions niais en playback ou le but recherché est de déshonorer leur passé glorieux.
 
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