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Grand Angle

Maroc : Le Conseil de la concurrence étrille le secteur des fruits et légumes

Un rapport du Conseil de la concurrence secoue le secteur des fruits et légumes au Maroc. Ils pointent le rôle néfaste des nombreux intermédiaires, les stockages spéculatifs ou les ententes sur les prix. Détails.

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©image libre de droit - Pexel
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À travers un rapport, rendu public ce vendredi 26 avril, le Conseil de la concurrence a révélé les coulisses, souvent obscures, du marché des fruits et légumes au Maroc. Il pointe certaines pratiques frauduleuses telles que la manipulation des prix par des intermédiaires puissants, les ententes informelles entre détaillants et les stockages spéculatifs illégaux. Il souligne ainsi toute une série de dysfonctionnements dans la chaîne de valeur mais aussi de la production à la commercialisation.

Parmi les problèmes identifiés, il relève l’absence d’un cadre juridique spécifique. Effectivement, les réglementations ne répondant plus aux besoins actuels du secteur, les marchés de gros de fruits et légumes régissent désormais leurs propres lois. Cette faille juridique a encouragé la spéculation, exacerbant les déséquilibres dans la chaîne d'approvisionnement.

Un vide juridique préjudiciable

De même, l’avis du Conseil met en avant les défis logistiques et structurels auxquels sont confrontés les grossistes en fruits et légumes. La quantité, la grande variété et la périssabilité des produits combinés à des trajets de distribution longs et périlleux, alimentent les problèmes de spéculation et de gaspillage. Par ailleurs, le Maroc étant loin d’avoir atteint l’auto-suffisance alimentaire, sa dépendance aux importations, pour répondre à la demande nationale, expose le pays à des risques liés aux fluctuations des prix sur les marchés internationaux. 

Tout au long du rapport, trois grandes questions se distinguent donc : aujourd’hui, quels sont les changements politiques et institutionnels essentiels à entreprendre en priorité ? Où et comment devrions-nous concentrer nos ressources disponibles ? De quelle manière doit-on concevoir un développement agricole à la fois efficient et efficace ?

Le Conseil rapporte qu’il faudrait que les politiques publiques s’adaptent à la situation spécifique du Maroc et répondent prioritairement à ses besoins. Bien qu’il n'existe pas de solution universelle prête à l'emploi, quelques suggestions générales ont été avancées, applicables à l'ensemble du pays ou adaptées à des situations types rencontrées dans certaines régions.

L’avis du Conseil défend l’idée qu'il est crucial d'agir sur deux fronts principaux : d'une part, rétablir la connexion entre producteurs et consommateurs (la disjonction des intérêts des uns et des autres constituerait un pilier du capitalisme), d’autre part, la «relocalisation» de la vente agricole, en mettant en avant les initiatives à l’échelle locale. L’hypothèse étant que ce lien avec le «local» favoriserait une «proximité» avec le producteur (agriculteur, maraîcher, boucher, poissonnier, pâtissier, etc) et une certaine équité (prix abordables et localisation stratégique : ni dans l’hyper-centre, ni trop excentré).

Sensibiliser le consommateur

S’ajoute à cela, l’importance d'informer et d'éduquer les consommateurs sur les enjeux alimentaires. Le savoir permet de prendre des décisions éclairées et de participer activement à la transformation des systèmes agricoles. «Il ne s'agit pas d'arrêter toute consommation de produits d'importation, ce qui serait catastrophique pour de nombreux pays parmi les plus pauvres. Il s'agit de faire des choix de consommation en parfaite connaissance de la provenance des biens considérés et des conditions environnementales et sociales de leur production et commercialisation », explique José Tissier, président du collectif Commerce Équitable France, cité dans la préface du rapport de Solagro. 

Effectivement, la sensibilisation du grand public, notamment par les médias, aux questions telles que la provenance des aliments, les conditions de travail des agriculteurs, les impacts environnementaux des différentes formes d’agriculture, est nécessaire pour favoriser une démocratie alimentaire véritablement inclusive.

En permettant aux consommateurs de faire des choix informés et conscientisés, le Conseil explique qu’une gouvernance renforcée contribuerait à façonner des systèmes alimentaires plus justes, durables et équitables.

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